Entretien imaginaire avec Nicolas Sarkozy


Je viens seulement de lire l'interview du candidat Sarkozy par le magazine Têtu. Bien entendu, je me suis emporté. Pas tellement à cause des réponses du président-sortant (rien de neuf, on connait hélas son discours), mais à cause du manque de couilles du journal LGBT qui n'a pas eu le courage de le titiller plus que cela en le plaçant devant des contradictions flagrantes. A se demander s'ils ont envoyé au front le journaliste fashion ou people à la place du politique...

Têtu : Il y a un moment que nous désirions vous rencontrer pour connaître vos positions sur les questions intéressant les homosexuels, d'autant qu'il est très difficile d'obtenir une position unique de l'UMP...

Nicolas Sarkozy : Tout d'abord, permettez-moi de vous dire : les homosexuels sont des citoyens comme les autres. Ils ne sont pas réductibles à leur sexualité. (...) Il n'y a pas un problème homosexuel, il y a le problème des minorités. Il me paraît important d'avoir cela en tête quand on parle de cette question. C'est cette même discussion que j'ai eue avec le Saint-Père.
o°o Bon là, je crois qu'il vaut mieux que je prenne le relais* o°o

Orpheus : Mais Benoit XVI n'a pas son opinion à donner au président d'un état laïc...

NS : J'entends bien mais...

Orpheus : Et vous venez de dire que les homosexuels sont des citoyens comme les autres, mais non. Dans la mesure où certains droits, acquis à tous les citoyens français, leur sont refusés, il y a bien une différence sociale qui est affirmée par l'Etat. "Vous n'êtes pas des citoyens comme les autres", voilà ce que dit actuellement la République Française à plusieurs millions de ses citoyens.

NS : Vous parlez là de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Ma position a toujours été limpide sur le sujet. Comme cela impliquerait la possibilité de l'adoption par des couples homosexuels, je ne peux le concevoir, pour le bien de l'enfant.

Orpheus : Tout aussi discutable que soit ce point de vue "du bien de l'enfant", pourquoi tenez-vous absolument à amalgamer ces deux droits ? Une réforme du mariage est possible sans pour autant en faire une de l'adoption, même si vous...

NS : Soyez un tout petit peu honnête, vous contenteriez vous du premier sans le second ? Non, je ne le crois pas. Alors, je vais vous le dire comme je le pense. En 2007, j'ai pensé qu'on pouvait faire un contrat d'union civile en mairie. Après analyse, les juristes ont indiqué qu'il était anticonstitutionnel de réserver ce contrat d'union civile aux seuls homosexuels, qu'il devait être ouvert aux hétérosexuels...

Orpheus : Alors que cela ne pose aucun problème à ces mêmes juristes, et à vous-même par conséquent, qu'un droit soit réservé aux seuls hétérosexuels ?

NS : Dans ces conditions, j'ai estimé, à tort ou à raison, que ce projet n'était qu'un substitut qui viderait le mariage de sens. J'ai donc préféré amélioré le PACS en le mettant à peu près au même niveau que le mariage. Sauf, je vous l'accorde, en ce qui concerne la pension de réversion, qui coûterait 8 milliards d'euros : nous n'en avons pas les moyens, il a donc fallu y renoncer.

Orpheus : Puisque cela coûterait beaucoup, j'en déduis que cela concerne beaucoup d'individus qui se trouvent donc victimes d'une injustice, et souffrent ainsi d'un préjudice social et fiscal à cause de leur orientation sexuelle : c'est ce que l'on peut justement appeler de l'homophobie.

NS : Alors là, non, écoutez s'il vous plait. Je vais vous dire, je suis prêt à améliorer encore le PACS, on peut déjà le signer chez un notaire plutôt qu'au tribunal, je souhaite également faire en sorte qu'il puisse être signé en mairie, comme de nombreuses associations me l'ont demandé. Et ce même si des agglomérations sont réfractaires à cette idée. La cérémonie en mairie permettrait une vraie reconnaissance sociale, alors soyez gentil, ne me taxez pas d'homophobie.

Orpheus : Soit. Mais que penser alors des propos tenus par des membres de votre parti ? Je cite Brigitte Barèges, députée UMP qui en mai 2010 demande à propos de l'ouverture du mariage "Pourquoi pas avec des animaux ? Ou la polygamie ?". Je cite Nora Berra, secrétaire d'Etat à la Santé en avril 2011 "L'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH". Je cite Jacques Myard, sénateur UMP qui qualifie l'homosexualité de "perversion sexuelle". Je cite François Fillon, Premier ministre en février 2012 "L'institution du mariage a un objectif qui est celui de la sécurisation des enfants. C'est un objectif qui ne me paraît pas compatible avec les couples homosexuels". Je passe sur les propos de Christine Boutin qui vous a apporté son soutien à l'élection. Je pourrais également citer la longue liste des déclarations de Christian Vanneste, député UMP depuis "l'homosexualité est une menace contre l'humanité" jusqu'à sa récente négation de la déportation homosexuelle.

NS : Vous savez très bien ce que je pense de ce genre de déclaration, elles sont choquantes et n'ont pas leur place dans la République. Je les condamne fermement.

Orpheus : Et moi, je condamne fermement la faim dans le monde, ce qui ne l'empêche pas de perdurer...

NS : Je comprends très bien votre agacement. En ce qui concerne M. Vanneste, j'ai récemment eu l'occasion de demander son exclusion. Moins d'ailleurs pour ce qu'il a dit la dernière fois que pour l'ensemble de ses déclarations. J'en ai assez. C'est choquant. Qu'il cesse. Cette obsession anti-homo... Pour vous dire la vérité, on est gêné pour lui. Je ne veux pas appartenir à la même famille politique qu'une personne qui pense ainsi.

Orpheus : Cela fait deux mois et à ce jour, 12 avril 2012, il est toujours membre de l'UMP.

NS : Certaines choses prennent du temps. Tout comme l'obtention de droits, il ne faut pas bousculer la société mais agir avec elle, surtout en période de fragilité et d'incertitude, comme celle que nous traversons.

Orpheus : Les récentes enquêtes d'opinion montrent justement qu'une large majorité des français est favorable à l'ouverture du mariage. Et même depuis peu que les français sont majoritairement d'accord avec celle de d'adoption. N'avez-vous pas l'impression de manquer le coche ? Vous parliez de référendum pour d'autres sujets plus secondaires, pourquoi ne pas soumettre cette question au peuple français ?

NS : Je ne pense pas que le système d'indemnisation chômage et la question du droit des étrangers soient des sujets annexes dans les préoccupations des français. Cela les concerne même davantage au quotidien que les droits des homosexuels. Mais je vais vous répondre. Si on dit le mariage, cela veut dire adoption. Je sais qu'il y a des couples homosexuels qui s'occupent parfaitement bien d'un enfant adopté. J'en connais. Et je le reconnais bien volontiers. Je sais qu'il y a des couples hétérosexuels qui s'occupent très mal de leurs enfants. De là à faire une loi pour dire qu'une famille c'est un père et une mère, ou deux pères ou deux mères, je ne le ferai pas.

Orpheus : Ceci n'est pas une explication mais une affirmation.

NS : J'y ai réfléchi. Cela pose en fait une autre question qui est le problème du statut de beau-parent. Que le beau-parent soit un père ou une mère. Je le suis avec Aurélien, je l'ai été avec les filles de Cécilia. J'ai une expérience personnelle de cette question compliquée des droits du beau-parent. Vous pourriez me dire que j'avais une proposition sur le sujet. Je ne suis pas arrivé à la faire passer. Pourquoi ? Parce que le divorce est toujours un moment de tension, de drame intime. Et faire reconnaître un droit au beau-père peut être vécu comme une remise en question des droits du père. De même pour une belle-mère. Je ne sais pas comment régler le problème aujourd'hui.

Orpheus : Vous bottez en touche. Ces problèmes seraient les mêmes pour tous les citoyens sans distinction de leur orientation sexuelle.

NS : Vous pouvez dire que j'ai reculé, oui. Ça ne me gêne pas. Je n'ai pas trouvé la solution.

Orpheus : Toujours est-il qu'à ce jour, l'APGL (Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens) estime à plus de 50.000 le nombre d'enfants vivant dans des familles homoparentales, et que ces enfants, ces familles, se trouvent dans le flou en cas de drame, de séparation ou de décès, sans parler de considération...

NS : Je ne suis pas du tout dans le déni. Je ne fais pas de pirouette, je vous dis : je n'ai pas la solution. Mais la société est tellement déstabilisée par les changements qui affectent son image, par la représentation qu'elle se fait d'elle-même que je ne pense pas que le moment soit venu. Je pense qu'il faut laisser la situation en l'état, dans une zone un peu indécise, qu'on n'est pas obligé de légiférer sur tout, de voter des lois sur tout. Il y a un temps de maturation, un temps d'évolution. On est aujourd'hui dans une situation où il y a une grande compréhension, une grande tolérance, beaucoup d'humanité. Je ne suis pas sûr que la loi résolve tous les problèmes.

Orpheus : Malgré ce climat favorable dont vous parlez à juste titre, les agressions homophobes ne cessent d'augmenter, le rapport annuel 2011 d'S.O.S. Homophobie à ce sujet est alarmant avec plus de 1500 agressions et crimes, soit 300 de plus que l'année précédente, ce qui fait un peu plus de 4 actes homophobes par jour ! Quatre par jour !

NS : Moi, je considère que la question prioritaire, c'est la lutte contre l'homophobie. Il faut de l'éducation dès le collège, c'est là que les questions de sexualité se révèlent. Avez-vous vu le film Billy Elliot ? C'est un des plus beaux films que j'aie jamais vu de ma vie. C'est l'histoire d'un enfant d'une famille ouvrière qui veut être danseur. Et de quoi est-il victime ? De l'homophobie. Je ne suis même pas sûr qu'il soit homosexuel d'ailleurs, mais il est victime de l'image que les autres se font de lui. Et c'est le milieu le plus populaire qui soit.
 
Orpheus : Oui, très beau film en effet. Et avez-vous vu Polisse ? C'est l'histoire d'une Brigade de Protection des Mineurs, ça se passe en France, de nos jours. Et pas un seul des cas présentés dans ce film ne concerne une famille homoparentale...
 
NS : Pour tout vous dire, la lutte contre l'homophobie est beaucoup plus importante que la lutte pour le droit à la procréation ou pour l'adoption dans un couple homosexuel. Ce n'est pas un sujet de plaisanterie. Je vous rappelle, d'ailleurs, qu'une loi votée pendant mon quinquennat a fait de l'homophobie une circonstance aggravante.

Orpheus : Certes, mais les chiffres sont là pour montrer les limites de cette seule mesure. Et puisque vous parlez du rôle de l'éducation, l'Etat remplirait le sien en donnant l'exemple : considérer tous ses citoyens de la même façon, avec les mêmes droits. Cela mettrait également un terme aux discours vindicatifs de certaines associations familiales catholiques.

NS : De la même façon que, dans les gayprides, on entend aussi des discours virulents. Je ne suis pas sûr que les discours virulents fassent avancer la cause de qui que ce soit, d'un côté comme de l'autre. Il y aurait beaucoup à dire d'ailleurs sur la gaypride. C'est à la fois un phénomène positif, et en même temps, l'homosexualité ce n'est pas forcement un char rose. Moi, je n'ai jamais fait de l'homosexualité une question de gaudriole. Souvent, je me suis dit, si j'étais homosexuel, je serais content de la gaypride, qu'il y ait un jour où je puisse dire "j'existe", mais je ne serais pas content de certaines représentations qui sont faites de ma sexualité... La gaypride est utile, mais elle peut être caricaturale et réductrice.

Orpheus : Les côtés festifs et revendicatifs des marches LGBT s'expliquent historiquement par les événements de Stonewall que je vous invite à lire, vous verrez c'est passionnant de voir qu'une minorité qu'on croyait discrète, fragile et soumise ait réussi à s'affirmer et résister. Tant qu'une différence citoyenne perdurera, vous ne pourrez que faire avec cette virulence. Tant que cette différence perdurera, des jeunes gays n'auront en effet que ce jour pour dire qu'ils existent. Et pour ce qui est des chars roses, votre vision est réductrice, peut-être parce que vous ne la voyez qu'au travers du prisme des média. Il y a des chars de toutes les couleurs, parce que l'homosexualité est multiple, et cette unité parmi les différentes tendances est ce jour-là un bel exemple pour la France. Faites, comme d'autres hommes politiques, venez voir par vous-même !

NS : Pourquoi pas ? De la même façon que vous pourriez me demander si je peux aller à un concert.
 
Orpheus : D'après-vous, quelle image peut avoir de vous un homosexuel qui entend votre discours sur l'absence de solution, votre refus d'ouverture de droit, alors que vous pouvez vous montrer prompt à agir sur bien d'autres sujets, quitte à bousculer l'opinion. Pensez-vous être un homme moderne ?

NS : Je n'ai pas envie d'être moderne dans l'image. J'aime le changement, les réformes, les idées nouvelles et je fais avancer la société à ma manière. Je pense que dans la société, il y a des tensions, que la crise augmente les tensions, et qu'il faut y prendre garde. Et que je fais avancer beaucoup plus la cause en expliquant ce qu'est l'homosexualité.

Orpheus : M. Sarkozy, vous êtes père, et jeune grand-père, si un, une ou plusieurs qui sait, de vos futurs petits-enfants s'avéraient être homosexuel, pensez-vous sérieusement qu'ils pourront dire être de leur grand-père ?

NS : Je le crois. Est-ce que depuis que je suis président, l'épidémie du sida a reculé ? L'homophobie a reculé ? Les droits du PACS ont augmenté ? La réponse est oui.

Orpheus : Cette réponse n'engage que vous.

NS : Est-ce que parce que, parce que je n'ai pas défendu les droits du mariage homosexuel, je dois être l'ennemi d'une communauté dont je conteste l'existence ? Je ne veux pas qu'on définisse les homosexuels par leur sexualité. Mon problème, c'est que dans la minorité, ils ne doivent pas se sentir opprimés.

Orpheus : Et pourtant, ils le sont... Vous comprenez donc que certains puissent être sensibles aux discours d'autres candidats ? Même si on ne glisse pas un bulletin dans une enveloppe sur un seul sujet... GayLib, l'association fort controversée des homosexuel(le)s de l'UMP, vous a d'ailleurs retiré son soutien et ne fait pas votre campagne cette année.

NS : Je ne souhaite pas être le candidat d'une communauté, d'une association ou d'un sujet, mais celui de tous les français. Ils feront leur choix...

Orpheus : Le 22 avril et 6 mai prochain.

o°o

Mon choix pour le 22 avril est fait.
Ce n'est pas un mystère : je glisserai un bulletin PS comme je l'ai toujours fait.
Et pas seulement pour la position du candidat socialiste sur les droits LGBT (même si j'ai été plus que sensible à la présence d'images en ce sens dans son clip officiel de campagne).
Mon choix est fait. A chacun de faire le sien...

___
* Avec 95% de vrais morceaux du candidat Nicolas Sarkozy, extraits de l'interview à Têtu.
Je pense donc ne pas avoir trahi sa pensée une seule seconde...

Dive with me

Voici donc un dernier papier pour clore ces vacances en Mer Rouge, celui dédié à la principale motivation de notre voyage.
La plongée-bouteille est pour moi un moment ambivalent : A la fois d'une intensité grisante, et d'une zénitude absolue. Passé le moment pénible de l'équipement, et du premier mètre un peu technique et délicat, je parviens enfin à faire le vide, à chasser les mauvaises ondes de la vie quotidienne : bien mieux qu'une séance de Yoga. Je n'ai jamais trouvé ailleurs pareille quiétude.

Il s'agissait d'un retour en Mer Rouge pour nous puisque c'est aussi dans ces eaux (à Hurghada) que nous avions fait quelques baptêmes et passé notre niveau Padi Open Water Diver. Mais à l'époque, nous n'avions pas de quoi faire de photos sous-marines. Notre équipement est encore rudimentaire mais mon petit doigt me dit qu'il ira en s'améliorant...


Cliquez l'image pour ouvrir le FishBook !

Comme je l'ai dit dans un précédent papier, nous logions en face d'un massif corallien protégé, ce qui nous a permis de passer toutes nos journées à barboter avec une faune multicolore de poissons. Hélas, cette fois, nous n'avons pas eu la visite d'une troupe de dauphins. Mais quelques beaux spécimens tout de même. Je vous ai fait une petite sélection dans l'album-photo ci-contre.

Pour la première fois, nous avons passé une matinée avec un caméraman (Ahmed) qui a filmé deux de nos plongées. Une première de 50 minutes à 18 mètres (à Max Wells) et une seconde de 45mn à 15m (à l'Aquarium). Manque de bol, le vent du désert avait soufflé du sable la veille et la visibilité n'était pas optimale ce jour là.

Je vous ai fait un montage de ce film qui vous donnera une idée de ce que je peux ressentir et que j'ai toujours eu du mal à exprimer...
Y a qu'à lancer le player ci-dessous pour plonger avec moi. Bonne balade.

glouuup glouuup glouuup ! ;-)

Sur la route de Jérusalem

Israël n'étant qu'à un saut de puce, il aurait été dommage de ne pas faire un crochet. Ce jour là, le réveil a sonné à 5h du matin. C'est tôt pour des vacances, mais il fallait bien optimiser la journée au maximum, et il y avait tant à voir...

Hani nous mène à la frontière. Il a beau dire que les relations internationales sont paisibles, le nombre de contrôles routiers est impressionnant. Et voir chaque fois un garde faire le tour avec un miroir pour inspecter qu'il n'y a pas de bombe ou de passager illicite sous le véhicule n'est pas, bizarrement, ce qu'il y a de plus sécurisant.
Hani nous abandonne là en nous précisant que Daniel nous attend déjà de l'autre côté.
Nous voilà donc parti à pied vers les deux postes de douane. Je crois que je n'ai jamais de ma vie passé une frontière à pied et montrer autant de fois mon passeport et patte blanche.

Lever de soleil sur Israël

Un superbe lever de soleil nous souhaite la bienvenue en terre israélienne.
Et en effet, comme prévu, Daniel est là pour nous guider en "Terre Promise".
o°o
Ah Daniel... Ses yeux d'un bleu cristallin... Et...
Non, non, je ne vais pas vous faire le même coup érotico-porno que sur le précédent papier... Tout simplement parce que Daniel mesure 1m60 et a une barbichette blanche qui va de pair avec son âge plus que respectable !
o°o

L'impression que je garde de la ville d'Eilat n'est pas forcément très flatteuse, un sentiment de retrouver tous les clichés d'un remix entre Deauville et Saint-Trop'. Mais comme je n'attendais rien de cette station balnéaire, pas trop de déception. Aussi nous ne nous y attardons pas et continuons notre route...

Orpheus dans l'eau morte


Dead Sea Orpheus

A la Mer Morte, je vais de surprises en surprises. Bien sûr, je savais qu'on y flottait et qu'elle était extrêmement salée. Je n'imaginais pas en revanche sa texture presque huileuse, et que sa densité serait si perceptible au toucher. Petit bain et photo classique de rigueur à -422 mètres d'altitude... Daniel nous dit de bien nous doucher ensuite car les sels de cette mer, s'ils sont bons pour la peau, restent néanmoins abrasifs. Ok, je n'ai pas trop l'intention de finir en steak tartare.
Petit moment tristesse en songeant qu'aucune vie ne peuple cette mer (hormis quelques bactéries). Ce n'est pas là que nous plongerons...

Dead Sea

Sur les rives, à quelques endroits, des poches de couleurs se forment à cause des minerais qui remontent à la surface...


Dead Sea

Après un long trajet, nous arrivons à Bethléem, dans la banlieue de Jérusalem. Bien sûr, il aura fallu franchir un nouveau poste de garde (puisqu'en territoire Palestinien) et le fameux mur. Daniel élude tant que possible les considérations géopolitiques, redouterait-il notre jugement ? Ces conflits me désolent et ce mur est un bien triste symbole de l'incapacité des hommes à parvenir à l'entente.
Le sourire revient immédiatement après, devant une odieuse contrefaçon de la célèbre chaîne américaine de cafés...

Mur de protection
Contrefaçon

La basilique orthodoxe de la Nativité. Le mécréant que je suis ne peut s'empêcher de s'amuser de l'absence de conditionnel dans le discours de Daniel. "C'EST là que l'enfant Jésus EST né". Mais je garde pour moi mes convictions, je ne suis pas là pour le choquer non plus. J'ai apprécié également l'astucieux stratagème utilisé pour contraindre le visiteur à s'incliner en rentrant dans la basilique : il suffit juste de murer la porte en ne laissant qu'une hauteur d'1m20. Ce n'est pas pour rien que cette porte a été nommée "Porte de l'Humilité".
L'intérieur est chargé, autant en émotion qu'en breloques et dorures.

Entrée de la Basilique de la Nativité
Basilique de la Nativité

Je confesse ici ma crasse inculture religieuse et ma surprise d'apprendre que Jésus ne serait pas né dans une étable mais une grotte. Et c'est justement au-dessus de celle-ci que la Basilique a été construite. Toute une éducation à refaire, j'vous dis... En même temps, je ne suis pas baptisé, donc j'ai des circonstances atténuantes. En revanche, j'ai été un brin déçu que cette grotte n'ait pas été préservée en l'état, mais que les Eglises apostolique et catholique l'aient aménagée avec leurs autels respectifs : l'un étoilé marquant l'endroit précis où Jésus serait né, l'autre où Marie l'aurait ensuite installé dans la mangeoire. Des visiteurs se prosternent et embrassent l'étoile, frottent dessus une médaille et un chapelet qui deviendront certainement leurs grigris favoris. Je suis tout de même admiratif de la ferveur et des certitudes de ceux qui m'entourent. Les bras auraient pu m'en tomber, mais en fait, non, je respecte.

C'EST là que ça S'EST passé

La sortie de la grotte mène directement dans l'Eglise catholique Sainte-Catherine d'Alexandrie. C'est beau de voir que ces deux religions parviennent à faire grotte commune. J'ai été agréablement surpris par la sobriété du lieu.

Eglise Sainte-catherine d'Alexandrie
Eglise Sainte-Catherine d'Alexandrie

Allez, hop... On remonte dans le véhicule, on repasse le mur et les contrôles militaires pour arriver 10 km plus loin à Jérusalem. "La Ville des Trois Fois Saintes" est actuellement déserte si on imagine la foule qu'il y aura ici pour le week-end de Pâques...
Je n'ai pu m'empêcher de faire une spéciale dédicace à Aladdin en entrant dans la forteresse par la porte de Jafar... Mais Daniel m'a rapidement corrigé en me disant "Porte de JAFFA". Pfff, quel rabat-joie...

Porte de Jaffa
Jérusalem

Nous suivons Daniel dans les rues du Souk sur le Chemin de Croix, en direction de l'Eglise du Saint-Sépulcre, le lieu construit sur la grotte où le corps de Jésus aurait été apporté après avoir été descendu de sa croix (qui serait un T en fait, mais bon passons). Là, où il aurait disparu de son tombeau avant de revenir plus tard.
Si l'église ne paye franchement pas de mine vue de l'extérieur, de dedans, ça déchire sa race !

L'EdiculeL'Edicule de marbre où repose encore le tombeau

StèleLa stèle où le corps fut lavé et préparé

GolgothaLe Golgotha, où il fût crucifié

Petit quart d'heure de frayeur en quittant ce lieu puisque nous avons perdu Daniel dans les rues du Souk. Et bien, nous voilà dans de beaux draps. Nous nous imaginions déjà comme des... brebis égarées !
Plus de peur que de mal, nous avons fini par le retrouver à proximité du Mur Occidental (plus connu sous le nom du Mur des Lamentations).
On nous donne une kippa pour pouvoir nous en approcher, et bien entendu, nous nous sommes trompés en allant du côté des femmes... Daniel nous rappelle à l'ordre et nous explique les petits papiers qu'il faut glisser entre les pierres pour être entendu de Dieu. Il nous raconte également quelques anecdotes dont les visites de nombreux candidats français aux élections présidentielles... Cela ne m'amuse qu'à moitié en fait : Laïcité toussa toussa...

Mur des Lamentations

J'aime beaucoup cette photo.
L'homme traditionnaliste qui fait face à sa ville, quitte à tourner le dos au monde moderne.
Avec un flou de mouvement pour suggérer une évolution, un espoir...


Au cours de cette journée, Daniel a fait quelques allusions au conflit israélo-palestinien sur le mode "je dis ça, je dis rien". J'ai trouvé cela quelque peu déplacé, à la limite de la provocation, mais je me suis bien gardé de répondre quoi que ce soit. Nos vécus respectifs diffèrent tellement que cela aurait été ridicule.

Cette journée a été riche. Culturellement fascinante, même pour un agnostique. Et éprouvante pour le pacifiste idéaliste que je suis. J'ai essayé de vous la retranscrire telle que je l'ai ressentie, entre respect et rictus.
J'ai grandement apprécié qu'il ne soit pas fait commerce de tous ces lieux. On y entre gratuitement, et les amateurs de photo n'y sont pas frustrés. Le Vatican pourrait en prendre bonne note...

Mais l'heure tourne et la nuit tombe. Après le Saint-Sépulcre des chrétiens, le Mur Occidental des juifs, nous n'aurons finalement pas le temps de nous rendre au Dôme du Rocher et à la Mosquée Al-Aqsa des musulmans...
Nous avons beaucoup de route à faire pour rentrer et de nombreux postes de contrôle et frontières à franchir...

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